M23 : ce que pense Paul Kagame sur les massacres de Kishishe

Paul Kagame, président du Rwanda. Ph de tiers


Paul Kagame s'est enfin prononcé sur les massacres perpétrés à la fin du mois de novembre par les rebelles du M23 à Kishishe dans la province du Nord-Kivu.

Le chef de l'État Rwandais a fait savoir à nos confrères de Jeune Afrique qu'il n'y a pas d'impartialité dans cette question des Massacres de Kishishe attribués aux rebelles du M23 par le gouvernement congolais. C'est qui, selon lui, est l'un des noeuds du problème majeur. 

''Je condamne tous les abus d'où qu'ils viennent. Je constate simplement que l'on ne documente pas, ou très rarement, les crimes commis par les FDLR et les FARDC. Pourquoi ? En réalité, il n'y a pas d'arbitre impartiale dans cette affaire, c'est l'un des noeuds du problème'', a-t-il déclaré

Ces différents bilans

Le 1er décembre, l'armée congolaise accuse le M23 d'avoir massacré au moins 50 civils à Kishishe.

Le 2, en conseil des ministres, le gouvernement évoque "plus d'une centaine" de morts et décrète trois jours de deuil national à partir du lendemain.

Le 3, le M23 reconnaît que 8 civils sont morts à Kishishe, tués selon lui par "des balles perdues". Il ajoute qu'une vingtaine de miliciens ont été tués dans les combats.

Le 5, lors d'un briefing de presse, le ministre de l'Industrie, Julien Paluku, ex-gouverneur du Nord-Kivu, accompagné du porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, avance un bilan "autour de 300 morts", 272 exactement, sur la foi d'informations collectées par la société civile et les "communautés". Patrick Muyaya évoque 17 enfants tués, "dans une église, dans un hôpital".

Dans la nuit du 7 au 8, la Monusco diffuse un communiqué évoquant au moins 131 civils tués, selon des témoignages recueillis auprès de rescapés à Rwindi (20 km de Kishishe), où se trouve une base de l'ONU où ils ont trouvé refuge. 

L'impossibilité d'avoir une enquête indépendante

L'enquête a été menée par le Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'Homme (BCNUDH) et la Monusco qui ont "interrogé 52 victimes et témoins directs, et diverses sources" à Rwindi (20 km de Kishishe), où se trouve une base de la Monusco où des rescapés ont trouvé refuge.

Les enquêteurs n'ont pu se rendre à Kishishe "en raison des contraintes de sécurité dues au fait que (le village) est contrôlé par le M23 et du risque élevé de représailles contre les victimes et les témoins encore présents", souligne la Monusco.

"C'est regrettable de voir une organisation respectable (...) faire un rapport monté de toutes pièces", a réagi le 7 décembre Lawrence Kanyuka, porte-parole politique du M23. "Nous sommes sidérés", a-t-il déclaré à l'AFP, en affirmant que le M23 avait dit "plusieurs fois à la Monusco qu'elle pouvait venir" à Kishishe pour enquêter.

Selon le mouvement rebelle, la Monusco a "décidé de faire un rapport pour soutenir les accusations du gouvernement congolais", ce qui "montre sa partialité".

Dans son communiqué, la Monusco indique que "des éléments du M23 auraient enterré eux-mêmes les corps des victimes, dans ce qui pourrait être une tentative de destruction des preuves".

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  • Aucune enquête indépendante n'a pour l'instant été menée sur le terrain. Selon les autorités congolaises, des experts de l'ONU et la diplomatie américaine, le M23 est soutenu par le Rwanda. Mais Kigali conteste, accusant en retour Kinshasa de collusion avec les FDLR, un mouvement hutu constitué par certains auteurs du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda.

    Parmi les initiatives diplomatiques lancées pour tenter de résoudre la crise dans l'est de la RDC, un sommet organisé le 23 novembre à Luanda avait décidé d'un cessez-le-feu le 25 au soir, suivi deux jours plus tard d'un retrait du M23 des zones conquises. Faute de quoi, la force régionale est-africaine en cours de déploiement dans le Nord-Kivu interviendrait pour déloger les rebelles.

    Le M23 s'est dit le 6 décembre "prêt à commencer à se désengager et se retirer", mais aucun retrait n'a été observé jusqu'à présent.

    La France s'est dite "horrifiée" par les massacres en RDC et a appelé "tous les groupes armés à cesser immédiatement les combats". "Tout soutien extérieur au M23 doit cesser", a ajouté la porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

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