Le fils aîné et la belle-fille, un suprémaciste, un ancien caddy de golf de Donald Trump ou encore un stratège de génie : la nébuleuse du trumpisme triomphant de 2024 regorge de personnages hauts en couleurs.
Une deuxième présidence Trump "sera beaucoup plus forte et percutante". C’est Steve Bannon, l’ancienne éminence grise de Donald Trump en 2016 et figure centrale de la droite radicale nord-américaine, qui l’a promis peu avant le scrutin qui s’est déroulé mardi 5 novembre.
Les États-Unis s’apprêtent à découvrir ce que Steve Bannon appelle une présidence "plus forte". Officiellement élu président, le républicain Donald Trump a remporté "une victoire convaincante à la fois en nombre total de votes et au collège électoral [le nombre de délégués des États qui vont ensuite voter pour désigner le président, NDLR]", constate Richard Hargy, spécialiste britannique de la politique américaine à la Queen's University Belfast.
Steven Bannon ne sera, probablement, pas aux premières loges pour aider à appliquer la version 2024 du "Make America Great Again" (Maga) de Donald Trump. Le vainqueur désigné de la présidentielle américaine s’est en effet entouré d’une garde rapprochée différente de 2016. "Elle a été décrite comme plus professionnelle qu’en 2016, mais attention, cela ne veut pas dire plus modérée", assure René Lindstädt, spécialiste de la politique américaine à l’université de Birmingham.
France 24 a sondé des politologues et identifié une douzaine de personnalités gravitant dans la nébuleuse trumpienne en 2024 qui pourraient avoir une influence sur la politique américaine dès le retour à la Maison Blanche de Donald Trump.
Les plus médiatiques
Elon Musk. L’homme le plus riche au monde, propriétaire de X et de Tesla, a mis son immense fortune et son réseau social au service de Donald Trump. Son engagement en faveur du candidat républicain était tel qu’Elon Musk avait déclaré qu’en cas de victoire de la démocrate Kamala Harris, il "risquait d’avoir des problèmes".
Il a aussi suggéré qu’il pourrait participer à un gouvernement de Donald Trump, même si, selon Richard Hargy, "il est peu probable que l’homme le plus riche trouve un intérêt à un poste ministériel". En revanche, "il va gagner en influence, et pourrait décrocher encore plus de contrat public pour SpaceX ou Tesla", note René Lindstädt.
Donald Trump Jr. Le fils aîné est celui qui, qui parmi les rejetons Trump, s’est le plus mis en avant médiatiquement au service du père. Il a été qualifié de "dauphin" du trumpisme par les uns ou encore "de nouveau faiseur de rois au parti républicain" par d’autres. "Il est celui a imposé J.D. Vance comme colistier de Donald Trump", souligne René Lindstädt pour donner la mesure de l’importance de son influence sur le parti et sur son père.", souligne René Lindstädt.
Robert F. Kennedy Jr. L’ancien "troisième candidat", officiellement membre du parti démocrate mais qui a soutenu Donald Trump après s’être retiré de la course à la présidentielle, s’attend à jouer un grand rôle dans une future administration républicaine. Donald Trump avait suggéré qu’il pourrait laisser R.F.K Jr. gérer toutes les questions de santé. Une perspective qui a fait saliver ce conspirationniste notoire, adepte de théorie du complot sur l’efficacité des vaccins.
Les survivants de 2016
Jason Miller. Il est l’un des principaux conseillers en communication de Donald Trump depuis 2016. Jason Miller a été surnommé "le survivant par excellence" pour sa capacité à toujours caresser Donald Trump dans le sens du poil. "Il est fait pour l'univers digne de Game of Throne de l’entourage de Donald Trump", note Kurt Bardella, un stratège républicain interrogé par le site du Columbia Journalism Review, en référence à cette série aux violentes intrigues politiques.
Stephen Miller. L’un des conseillers de Donald Trump les plus honnis par les démocrates. Stephen Miller "est l’homme des expulsions de masse", souligne Richard Hargy. Les révélations sur ses liens avec les mouvements suprémacistes n’ont nullement nui à son influence auprès du candidat républicain. "Tout le programme de Donald Trump en matière d’immigration est marqué du sceau de Stephen Miller", assure René Lindstädt.
Dan Scavino. Médiatiquement moins connu que les deux Miller, Dan Scavino marche pourtant dans les pas de Donald Trump depuis bien plus longtemps. Il était son caddy au golf dans les années 1990. Il a été adjoint au chef de cabinet de la Maison Blanche durant la première présidence Trump et a été chargé de la stratégie de Donald Trump sur les réseaux sociaux. Preuve de son importance aux yeux de l’ex-futur président : il a été qualifié "d’initié suprême" par le site Politico qui le dépeint comme le collaborateur le mieux au courant des humeurs et désirs de Donald Trump.
Brian Jack. Conseiller de Donald Trump depuis huit ans, il a longtemps été l’exemple du loyal collaborateur de l’ombre. Il s’est notamment occupé de convaincre les législateurs républicains dans chaque État de soutenir Donald Trump plutôt qu’un autre candidat à la primaire républicaine en 2024. En mars 2024, il s’est lui-même lancé dans le grand bain électoral pour devenir l’un des représentants au Congrès de la Géorgie.
Lire Aussi:Steven Cheung. L’indéboulonnable porte-parole de Donald Trump. Steven Cheung a occupé ce poste médiatiquement très exposé depuis 2016. Avant de servir le candidat républicain, il était le responsable de la communication pour l’Ultimate Fighting Championship, la plus importante organisation de sports de combat aux États-Unis.
Les nouvelles stars
Susie Wiles. C’est vers elle que Donald Trump s’est tourné lors de son discours de victoire, mercredi 6 novembre, juste après avoir évoqué le rôle de J.D. Vance dans la campagne. C’est dire à quel point le candidat républicain tient en haute estime cette stratège politique qui a pourtant travaillé auparavant pour Ron DeSantis, le gouverneur de Floride et l’un des principaux rivaux politiques de Donald Trump. "Pour beaucoup d’observateurs, elle est l’architecte d’une campagne beaucoup plus professionnelle et mieux organisée qu’en 2016 et 2020", assure René Lindstädt.
Chris LaCivita. L’autre stratège politique ayant mené Donald Trump à la victoire. Sa collaboration avec Susie Wiles a fait couler beaucoup d’encre outre-Atlantique, et il est souvent présenté comme "impitoyable" et spécialiste des coups bas, note René Lindstädt. Est-ce que l’influence de Susie Wiles ou Chris LaCivita peut survivre à la fin de la campagne ? "Pourquoi pas. En 2016, l’une des personnalités les plus influentes de la première présidence Trump a été Kellyane Conway, qui était aussi responsable de campagne", rappelle René Lindstädt.
Lara Trump. En 2016, la femme du clan Trump qui occupait l’espace médiatique était Ivanka, le fille aînée de Donald Trump. En 2024, c’est l’épouse d'Éric Trump, Lara Trump, "qui semble avoir le plus d’influence", note Richard Hargy. C’est elle qui a pris les rênes du Comité national républicain, ce qui permet à la famille Trump de garder le contrôle sur le parti, d’après les experts interrogés.
Kash Patel. Cet ancien avocat est souvent perçu comme l’incarnation du conseiller loyal jusqu’à l’outrance de Donald Trump. Kash Patel aime aussi jouer le rôle de pitbull du candidat, et n’hésite pas à menacer les "ennemis" de Donald Trump de représailles violentes. Surtout, cet homme considéré comme un second couteau du trumpisme en 2016 est aujourd’hui le favori pour devenir le prochain patron de la CIA de Donald Trump.
Pour Richard Hargy, cette "nouvelle garde" de Donald Trump risque de jouer un rôle plus crucial que celle de 2016. "Dans quatre ans Donald Trump ne pourra pas se représenter, et il y a fort à parier qu’il désigne son successeur au sein de ce premier cercle", conclut ce politologue.
Avec France 24
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