Le débat entre les Donald Trump et Kamala Harris, moment important de la présidentielle aux États-Unis, figurait quelques heures après son déroulement, mardi 10 septembre, à la une de tous les médias russes et a été abondamment commenté dans les émissions télévisées. Le pouvoir, lui, tient à montrer son désintérêt.
Chaque facette sur l’Ukraine, du débat entre les deux candidats à la présidentielle américaine, a été soigneusement présentée et décortiquée à la télévision russe. Les prestations des candidats, ont-elles aussi été analysées, avec une inflexion concernant Kamala Harris. Il y a quelques jours à peine, on pouvait encore voir la candidate démocrate ciblée sur le petit écran russe : « Elle ferait mieux d’animer une émission de cuisine », a-t-on par exemple pu entendre. Ce mercredi 11 septembre, certains experts de la très regardée Perviy Kanal, la principale chaîne de télévision russe, ont cette fois plutôt jugé la prestation de Kamala Harris correcte. Rien de tout cela du côté du pouvoir.
Premier commentaire officiel donnant le ton, ce mercredi matin sur Radio Spoutnik, il était signé de la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova : « Imaginons un match entre deux boxeurs à bord du Titanic. Après le match, les gens s’asseyent et se posent cette question: "à ton avis, lequel des deux a gagné ?" Mais quelle différence ça peut bien faire ? Quinze minutes après, le Titanic va de toute façon heurter l'iceberg ».
Visiblement, afficher son indifférence reste pourtant suffisamment important pour qu’à la mi-journée, le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov enfonce le clou : « Malheureusement, nous n'avons pas pu suivre les débats, car ils se déroulaient en pleine nuit à l'heure de Moscou. Mais ce matin, nous avons vu et lu les reportages. Évidemment, nous avons remarqué que les deux candidats ont mentionné notre président et notre pays. C'est clair : les États-Unis dans leur ensemble, quels que soient les candidats, maintiennent une attitude hostile et négative envers notre pays. Le nom de Poutine est utilisé, pour ainsi dire, comme l'un des outils de la lutte politique intérieure américaine. Nous n'aimons vraiment, vraiment pas ça, et nous espérons qu'ils vont laisser le nom de notre président en paix. »
Une posture de façade
Trump et Harris renvoyés dos à dos sur leur relation avec la Russie, quelques jours après seulement que Vladimir Poutine a déclaré, au forum de Vladivostok, soutenir la candidate démocrate. Une plaisanterie sarcastique certes, mais en surface le message peut paraître brouillé.
En réalité, le fonds de la pensée du pouvoir est à chercher ailleurs, par exemple dans ce commentaire du politologue Feodor Voitolovsky diffusé à une heure de grande écoute à la télévision. Les propos du candidat républicain ont, semble-t-il, résonné très agréablement aux oreilles du Kremlin :
« La position de Donald Trump semblait plus constructive. Il a compris que l'opération militaire spéciale ne sortait pas de nulle part. Il a précisé que la Russie avait ses propres raisons de prendre en ultime recours des mesures extrêmes. Il a déclaré qu'il s'efforcerait de parvenir à un règlement pacifique et au dialogue avec les dirigeants de la Fédération de Russie. Voyons à quoi cela ressemblera s'il devient président ».
Avec RFI
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