Crise à la CADECO : nouveau bras de fer entre le conseil d'administration et la DG Juliette Mughole

Juliette Mughole, DG de la CADECO © droits tiers


Depuis sa nomination à la tête de la Caisse d'Épargne du Congo (CADECO) le 15 novembre 2022, Juliette Bambu Mughole fait face à des vents contraires remettant en cause des compétences de gestion. 

Accusée de mauvaise gestion, d’intimidations et de décisions unilatérales, la Directrice Générale (DG) plonge cette entreprise publique dans une crise profonde, marquée par des divisions internes et une gouvernance paralysée, a révélée une source interne à election-net

Un départ qui fait polémique

À peine installée, Juliette Bambu Mughole aurait exigé des directeurs provinciaux une contribution de 3 000 dollars chacun pour célébrer sa nomination, notamment dans les agences du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Kongo-Central, Ituri, et Haut-Katanga.

« Nous avons été contraints de contribuer  malgré des conditions sociales précaires et des budgets déjà serrés », confie un chef d’agence. Ce départ controversé a planté le décor d’un climat de défiance au sein de l’institution.

Accusations croisées et méfiance

Face aux tensions croissantes, la DG a adopté une posture de confrontation. Elle accuse le Président du Conseil d’Administration (PCA), Jean-Pierre Dikoma Kitenge, de manipuler certains agents pour semer le désordre et chercher à usurper ses prérogatives. Or, ce dernier avait été l’un de ses soutiens clés pour son accession à ce poste.

« Le président du conseil d'administration n’a qu’un objectif : préserver la bonne gouvernance et ramener l’ordre au sein de l'entreprise. Ces accusations ne sont qu’une tentative de détourner l’attention des dérives de Mme Mughole », affirme une source proche du Conseil d’Administration. Ce dernier reproche à la Directrice Générale de saboter les efforts collectifs et de ne pas respecter les résolutions adoptées. Juliette Bambu Mughole est également critiquée pour son style de gestion perçu comme autoritaire et solitaire.

« À chaque réunion, les décisions du Conseil d’Administration sont ignorées. Elle gouverne seule, marginalisant son adjoint Boyoma Christian et le Conseil », explique une autre source qui ajoute que la DG a remplacé plusieurs directeurs provinciaux par des individus réputés proches d’elle.

Certaines sources dénoncent son incompétence et une gestion chaotique. « Les licenciements et révocations des cadres relèvent exclusivement des compétences du Conseil d’Administration, mais Mme Mughole s’approprie ces décisions en opposant agents et cadres pour des raisons politiques », renchérit un membre du Conseil.

En 2023, lors des élections législatives, Mme Mughole aurait aligné des candidats soutenus par son parti, l’Alliance Congolaise de Lutte contre la Corruption (ACLC). Ces candidats, après leur échec, auraient été récompensés par des postes au sein de la CADECO, révèle un haut cadre du conseil d'administration.

D’autres critiques visent un partenariat controversé avec une entreprise américaine pour digitaliser la paie des agents, un projet qualifié de « suicidaire » par des experts internes, menaçant l’avenir de l’institution.

Des agents divisés et instrumentalisés

Les pratiques de la DG ont fracturé les agents en deux camps : ceux qui dénoncent des licenciements abusifs, du népotisme et la politisation de l’entreprise, et ceux qui soutiennent sa gestion.

« La tension est telle que l’entreprise est aujourd’hui incapable de fonctionner normalement. Les agents sont pris en otage dans une guerre de pouvoir », confie un employé sous anonymat.

Lire Aussi:
  • Paix en RDC : La CENCO annonce un culte œcuménique à Lubumbashi
  • M23 : la réaction de Matata Ponyo sur les accusations de Tshisekedi contre Kabila
  • Sud-Kivu : situation humanitaire critique, déplacés sans assistance
  • Un Conseil d’Administration marginalisé

    Jean-Pierre Dikoma Kitenge, le PCA, tente de jouer un rôle de médiateur pour rétablir un climat de gouvernance sain. Cependant, ses efforts sont systématiquement contrecarrés par une DG qui l’accuse de vouloir la déstabiliser.

    « Le Conseil d’Administration n’a plus sa place dans l’entreprise. Toutes nos recommandations sont ignorées », déplore un membre du Conseil. Malgré tout, le PCA persiste à réclamer une gestion transparente et le respect des procédures légales, un discours qui commence à trouver un écho parmi les agents.

    Alertée par cette crise, la présidence de la République, via une lettre signée par Anthony Kinzo Kamole, directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, a invité les ministres du Portefeuille et des Finances à agir rapidement. Datée du 6 août 2024, cette correspondance appelait à rétablir l’ordre à la CADECO. Cependant, aucune action concrète n’a encore suivi.

    Entre accusations mutuelles, divisions internes et mauvaise gestion, la CADECO vacille au bord du gouffre. Malgré les efforts du Président du Conseil d’Administration pour protéger l’intérêt général, l’institution risque de sombrer si des mesures rapides et décisives ne sont pas prises.

    Powered by Froala Editor



    Reaction

    Like 0 Love 0 Haha 0 Wow 0 Sad 0 Angry 0
    For giving reaction please   Login Now

    leave a reply

    For post a comment you need to login your account. Login Now

    Comments