Prenant la parole ce mardi 09 juillet 2024 en marge de la 49ème session de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie à Montréal au Canada, le président de l'Assemblée nationale de la République démocratique du Congo Vital Kamerhe a profité de cette tribune pour mobiliser les pays francophones et attirer leur attention sur la situation sécuritaire inquiétante qui prévaut en RDC depuis plusieurs années et plus particulièrement sur l'agression rwandaise via le mouvement terroriste du M23.
« Cette session intervient dans un contexte particulier caractérisé par la résurgence des guerres et des conflits entre les États ainsi que par la violation du droit international sur tous les 5 continents du monde », a souligné Vital Kamerhe, avant d'ajouter « la communauté francophone dont nous faisons partie, devrait œuvrer pour le retour de la paix partout dans le monde ».
Et de poursuivre : « En ce qui concerne l'Afrique et plus particulièrement la sous-région des Grands Lacs, je voudrais, en ma qualité de Président de l'Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, vous faire part de la situation dramatique qui prévaut dans mon pays depuis plus de trois décennies. Cette situation est marquée par la guerre d'agression dont la République démocratique du Congo est victime dans sa partie orientale, plus précisément dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Cette agression est l'œuvre du Rwanda et de l'Ouganda, deux pays voisins".
Il a en outre rappelé qu'il y a quelques jours, « l'armée rwandaise et ses protégés du M23 ont une fois de plus semé la désolation au Nord-Kivu, dans le grand nord où nous déplorerons d'énormes pertes en vies humaines ainsi que la destruction de l'environnement ».
« Comme vous le savez, depuis deux ans, le Mouvement terroriste du M23 soutenu par le Rwanda, un pays francophone qui siège avec nous, a déclenché une guerre meurtrière et atroce dans la Province du Nord-Kivu.
Cette rébellion du M23 est soutenue aussi par l'Ouganda, qui abritait son quartier général avant sa résurrection", a rappelé Vital Kamerhe avant d'indexer la secrétaire générale de la Francophonie, la rwandaise Louise Mushikiwabo qui n'a pas fait allusion à la crise congolaise dans son allocution.
« Il est regrettable que Madame la Secrétaire générale de l'OIF ait fait le tour d'horizon des pays touchés par la guerre sans mentionner la guerre dans le parti oriental de la RDC qui est le premier pays francophone.
Je préfère croire que c'est un simple oubli et non une façon subtile d'éluder la présence des troupes rwandaises et ougandaises sur le territoire congolais", a lâché le président de la chambre basse du parlement congolais.
« Chaque jour, des dizaines de personnes sont tuées et des villages entiers sont incendiés.
L'armée rwandaise et le M23 poussent leur cynisme jusqu'à faire du viol des femmes et des filles congolaises une arme de guerre redoutable. Ces atrocités sont documentées par les experts des Nations Unies qui estiment le nombre de victimes à plus de 500 000 rien que pour les dernières opérations.
Aujourd'hui encore, avant l'ouverture de cette plénière, le Conseil de sécurité des Nations Unies a publié un rapport de ses experts intitulé « la conquête territoriale de l'armée rwandaise dans l'est de la RDC ».
Ces chercheurs mandatés par le conseil de sécurité de l'ONU font état : « de la présence de 3 000 à 4 000 militaires rwandais déployés avec des lance-missiles sur le territoire congolais. Ils estiment que les officiers rwandais ont de facto pris le contrôle et la direction des opérations du M23. Ils opèrent avec des pièces d'artillerie et des armes de gros calibres, des véhicules blindés avec des radars et un système de missiles anti-aériens ».
Ces experts accusent les autorités rwandaises d'avoir voilé l'intégrité du territoire de la RDC et les jugent responsables des actions du M23", at-il renchérit tout en dénonçant le maintien par le Rwanda de son soutien au M23.
« En dépit des efforts entrepris par Son Excellence Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République, depuis son avènement au pouvoir et malgré les partisans engagés dans le cadre du processus de Luanda et de Nairobi, la guerre continue de faire ses ravages. Sous le prétexte fallacieux de protéger des populations d'origine tutsi abusivement considérées comme victimes d'exactions, alors qu'elles sont représentées dans toutes les institutions de la République, Parlement, Gouvernement, Armée, Police, Cours et Tribunaux et ne se sont jamais reconnues dans les revendications du Rwanda et du M23 », a-t-il déclaré.
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« Plus de 7 millions d'hommes, de femmes et d'enfants sont contraints à l'errance dans leur propre pays et vivent dans des conditions inhumaines dans des camps qui sont l'objet des bombardements ininterrompus de l'armée rwandaise ».
« A ce jour, le nombre de morts occasionnés par cette guerre d'agression et de pillage des ressources de la RDC est estimé à plus de 10 millions sans que la communauté internationale, dont nos pays francophones sont membres à part entière, ne relève le ton pour sanctionner et décourager ainsi les pays agresseurs, dont le degré de criminalité commis sur le sol congolais dépasse tout entendement. Ce qui se passe dans mon pays est autant dramatique que la situation que la communauté internationale continue de déplorer en Ukraine et au Moyen-Orient ».
Ce drame sécuritaire et humanitaire, poursuit-il, « largement mis en lumière par les experts des Nations Unies, les différents rapports de la Mission d'observation de l'ONU et d'autres organisations régionales est le fait de la convoitise des richesses minières se retrouvant en RDC et dont l'exploitation illégale profite aux pays agresseurs et à leurs complices ».
Il a à cette occasion demandé à l'Assemblée parlementaire de la Francophonie d'exiger du Rwanda et de l'Ouganda le retrait de leurs troupes sur le sol congolais.
« C'est ici le lieu de demander à notre Assemblée de sortir de la diplomatie contemplative et de s'engager résolument dans une approche agissante afin d'exiger du Rwanda et de l'Ouganda de retirer leurs troupes du territoire congolais.
Car cette guerre injuste imposée à la RDC par le Rwanda et l'Ouganda empêche notre peuple d'accroître les dividendes de la démocratie et des efforts fournis par le Gouvernement congolais afin d'améliorer les conditions de vie de sa population", a-t-il lancé à l'assistance.
Et de chuter à ce sujet en ces termes :
«Enfin, la vocation de la République Démocratique du Congo, pays situé au cœur de l'Afrique tout comme la vision de son président, est de créer au centre de l'Afrique un espace de prospérité commune et permettre ainsi à la RDC, de jouer son rôle naturel de locomotive de la renaissance africaine.
La paix retrouvée, la RDC n'avancera pas seulement, elle entraînera à coup sûr, au nom de la solidarité africaine, les autres pays africains dans sa marche vers le développement".
Vital Kamerhe a également vanté la position environnementale de la RDC.
"La RDC, est une solution paysanne dans la lutte contre le réchauffement climatique grâce à ses forêts, ses potentialités en énergies propres, renouvelables et non polluantes, ainsi qu'en ressources minières. Elle est pourvue de beaucoup d'autres atouts inégalables notamment, une population estimée à 110 millions d'habitants dont 70% des jeunes, sa position géostratégique au cœur de l'Afrique, ses 120 millions d'Ha de terres dont 80 millions arables et 40 millions irrigables, bien exploitées la RDC est capable de résorber deux fois le déficit alimentaire mondial, soit nourrir près de 2Milliards de personnes .
La RDC est aussi considérée comme le Château d'eau d'Afrique, disposant de 53% d'eaux douces d'Afrique et 13% du monde, est une réponse appropriée à l'épineuse question de la désertification causée par le désert du Sahara qui à ce jour a provoqué le dessèchement du lac Tchad et du désert de Kalahari où le problème de terres arables commence à se poser avec acuité", a-t-il signalé.
À lui de conclure :
«Enfin, je vais m'arrêter là, le potentiel énergétique de la RDC estimé à 100 000 Mw, dont 44.000 à Inga, est une opportunité pour l'électrification et l'industrialisation de toute l'Afrique et une partie de l'Europe du sud et de l'Asie.
Point n'est besoin de souligner ici qu'avec ses minerais stratégiques, la RDC est au centre de la transition énergétique pour la fabrication des batteries pour les véhicules électriques.
Je vous épargne l'énumération des autres minerais tels que le lithium, le coltan, avec une réserve mondiale de 75%, indispensable pour la fabrication des téléphones portables et autres composants électroniques.
« Au regard de ce tableau, vous conviendrez avec moi que mon pays devrait plutôt mériter l'attention et la protection des autres pays pour jouer pleinement son rôle dans ce monde qui change ».
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